dhagpostory 1976, il était une fois ...

dhagpostory 1976, il était une fois ...

ArTibet.


Art sacré.

... du Bouddhisme tibétain.

 

 

                            … Etudier l’Art traditionnel du bouddhisme tibétain.

 

        A rrivé à Dhagpo Kagyu Ling   août 1976, j'y suis resté jusqu'en 1978. Avant que le 16ème Karmapa ne vienne en Europe en 1977, Lama Jigméla cherchait quelques personnes pour fabriquer le trône destiné à sa Sainteté. J'ai pensé m'essayer à cette tâche. Je me suis donc proposé pour faire les décorations et Frizou et Baba à fabriquer toutes les parties des armatures en bois.

En suivant les directives de Pawo Rimpotché et d'un tibétain du nom de Tcheudjor, je me suis mis au travail. C'était vraiment l'époque des pionniers. Il n'y avait rien et je ne connaissais rien. Nous avons réussi à récupérer des pots de peinture à droite et à gauche, des outils et du bois pour sculpter. Avec beaucoup d'effort, je suis parvenu à faire quelque chose de sympathique. Une fois le trône terminé Lama Zimpen-la (l’intendant de Guendune-la), décida de m'envoyer à Samyé-Ling en Ecosse auprès d'un maître d'art, Chérab-palden-Béru surnommé oncle Shérab, afin d'étudier la décoration pour le temple futur Kundreul-Ling en auvergne. Lama Zimpen-la demanda à Akong Rimpotché l’abbé de ce lieu, l'autorisation de me dépêcher sur place, mais celui-ci refusa. En insistant une troisième fois, devant son refus persistant Lama Zimpen-la lui expliquai mes motivations de pratiquant, Akong Rimpotché accepta de me recevoir. Je suis donc parti à Samyé-Ling en Février 1978. Akong Rimpotché m'a demandé de choisir , faire des thankas ou de la décoration (entre-autre de la sculpture); il s'agit en effet de deux disciplines différentes. J'ai réfléchi, pour finalement opter pour les deux. Rimpotché m'orienta ensuite vers la sculpture, qui est beaucoup plus mon domaine que la décoration que je connais aussi . Akong Rimpotché m'a demandé un engagement de trois ans, j'ai accepté sans hésitation. 

 

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C'est ainsi que je me suis retrouvé à Samyé-Ling. Au bout de trois ans le temple n'était pas encore terminé, sous la requête de Rimpotché j'ai prolongé mon séjour de sept années, ce qui m'a permis d'approfondir un peu plus mon apprentissage, car en trois ans on apprend finalement peu de chose. Ensuite Akong Rimpotché m'a demandé un autre engagement de deux ans,  jusqu'à l’inauguration du temple auquel nous avons reçu le Dalaî Lama ; au total je suis resté douze ans. L'enseignement donné par le Maître d’art Chérab-la est vraiment particulier. Il ne dit jamais "ceci est bien" ou "ceci est mauvais". Il procède de manière à ce que de soi-même l'on s'aperçoive de nos erreurs et ainsi de les corriger.

 

Dans les arts, on éprouve une certaine fierté devant le travail accompli; mais dans l’esprit tibétain on demande beaucoup d'humilité et Chérab-la n'hésite pas à nous faire recommencer le travail sans vraiment qu’il nous l’ordonne, cela doit venir de nous-même jusqu'à atteindre ce qu'il souhaite : il faut accepter la situation et se détacher de notre création artistique. Ce n'est pas toujours évident car on a tendance à s'attacher à son oeuvre, cet attachement crée des obstacles. Il faut donc accepter ce que  le maître dit et la manière dont il nous canalise.                         

 

                  Il s'agit de relation de maître à disciple. Je connais plusieurs cas de personnes qui ignoraient leur possibilité et qui d'un seul coup, en prenant un pinceau se sont misent à créer des oeuvres. Ceux qui souhaitent apprendre l'art tibétain n'ont pas spécialement besoin d'avoir des diplômes ou d'avoir fait l'école des Beaux-Arts.

 

 Le travail que j'effectue se situe surtout à la sculpture, elles crée une attirance, voir une fascination. S'il se présente une personne ayant déjà une grande connaissance artistique ou une bonne pratique en la matière, c'est bien, mais j'insiste sur le fait que l'art tibétain est particulier. Ceux qui ont déjà un bagage, une habitude en matière de peinture ou de sculpture ont des difficultés d'adaptation à une culture différente. Je me souviens par exemple avoir travaillé avec une personne qui, au bout d'un an avait appris beaucoup, mais conservait toujours son "style personnel "; en fin de compte, il n'y avait  pas d'authenticité. L'art traditionnel tibétain  du Dharma se situe (si possible) d’une transmission d'une lignée ininterrompue d'artiste à une autre. Il est donc nécessaire, au départ d'être suivi par un Lama de façon à mettre le moins possible de ses tendances peut-être égotiques dans l’œuvre. Il s'agit de rester le plus neutre possible, cela ne veut pas dire indifférent. Tout se passe en relation avec la dévotion à notre Lama Racine.

 

 

 

 

 

 

 

                                                   Transmission de son savoir-faire.

 

 

« …Je fis la rencontre du maître d’Art Chérabpalden-Béru, reconnu par le 16ème Karmapa comme étant un très grand artiste de l’école Karma-Gadri, ayant une connaissance irréprochable du symbolisme Kagyupa et Nyingmapa. Ce personnage d’une  douceur et d’une attention toute particulière me mit toute de suite à l’aise dès mon arrivée à Samyé-Ling. Ce fut la troisième personne après mon Lama de Refuge et Akong Rinpotché (un protecteur d’une compassion étonnante) qui a joué un rôle décisif sur mon chemin spirituel et artistique. Ainsi, avec grand enthousiasme, je fus prêt à servir le Dharma à travers l’étude de l’Art sacré et du travail de la communauté.  Mois après mois, années après années sous la tutelle du maître d’art je construisais et sculptait des petits meubles et des trônes peints de façon traditionnelle….Chérab-la était vis-à-vis de moi comme un père pour son fils. Pendant toutes ces années, il me témoigna  son affection, avec patience et générosité et il me transmit une bonne partie de son savoir-faire avec une attention toute particulière. »

 

 … Le Temple de Samyé-Ling est terminé, il a été inauguré en 1988. J'ai été contacté par Lama Seunam (qui est actuellement en retraite à vie a Kundreul-Ling, au Bost en Auvergne), pour effectuer des travaux de décoration au centre de retraite selon le souhait de Guendune Rimpotché qui souhaite que le Temple soit vraiment décoré de façon traditionnelle. J'ai donc travaillé sur le petit temple attenant à sa chambre, avant de commencer, des recherches de dessin on été nécessaire, chaque motifs avant sont exécution est présenter à Rimpotché. Aidé par Lény étudiant de Chérab et plus tard par Dordjé, Michel, Aurélie ... en deux mois les peintures ont été achevées. On à travaillé intensément avec beaucoup de joie et nous faisions beaucoup de plaisanterie entre nous. La splendeur de Rimpotché et de son enthousiasme à nous voir de bonne humeur, régulièrement il venait nous rendre visite avec des offrandes, il dansait au milieu du temple, et nous chantait des airs du Dharma. …

 

 

 

 MaxArtibet, beautiful decoration. Year 2000 Part 2

 

 

 

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                                   Chérab-la au Tibet                                                               Une de ses peinture

 

Samyé-Ling. Master of art SherabPaldenBeru.

 

 

 

 

Le moudra de l’enseignement. 

 

« Avec grande inspiration je conserve toutes ses bénédictions et ces moments précieux en mémoire; avec joie j’écrivis les quelques proses qui vont suivre, relatant le parfum de l’époque de Dhagpo-Kagyu-Ling et du souvenir radieux de mon guide spirituel. »

« Quelques années plus tard, j’eus l’intention de sculpter son effigie, afin qu’à sa mort la statue puisse recevoir ses cendres, je demandais donc à Guendune Rinpotché comment je devais le représenter; il fut amusé par mon empressement  « à le mettre en boîte » et me donna les indications de la posture dans laquelle il souhaitait être représenté, avec le moudra de l’enseignement. »

 

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 De son ravissement exprimé par ces chants de Vadjra

 

            « …De  retour  en  France,   je me rendis en Auvergne pour contribuer à la décoration du petit temple de Guendune Rinpotché. Avec l’aide d’un ami anglais Lény, nous commencâmes à mettre en œuvre les travaux de décoration. Pendant ces deux mois que compta la durée du chantier, les fresques murales et l’autel (construit par Frizou et Baba) étaient drainés par un vent de bonheur, d’humour et d’éclats de rire, d’une joie intense dans tous les sens du terme s’éternisant jusqu’à la tombée de la nuit. Régulièrement Rinpotché nous rendait visite; un jour il nous tendit un plateau d’offrandes qu’il venait  partager avec nous; son visage rayonnait d’un sourire prometteur, de ce ravissement exprimé par ces chants de Vadjra, par  ces danses de Lama auxquelles il nous conviait de sa représentation. Nous étions ravis par ses expressions spontanées et recevions, entre autres son encouragement à nous « fendre le cœur ! »

Notre équipe d’artistes en herbe s’agrandit avec Michel, Aurélie, Déki, Nathalie… qui m’assistaient pour la touche finale des autels. Lény, quand à lui, devait retourner rapidement

en Ecosse. »

 

                       

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 L'équipe de déco à l'oeuvre, dans le petit temple de Rinpotché.

 

 

 

 

L’expression de leurs qualités artistiques vit le jour.

 

« …le temple du monastère des nonnes à Laussedat, était prêt à recevoir notre équipe de déco, une quinzaine "d’artistes"  ne connaissant rien à l’Art du Dharma, tout du moins au début; par la suite, l’expression de leurs qualités artistiques vit le jour.  Sous ma tutelle et accompagnés par le "savoir-faire" d’autres lamas, nous nous mettions à l’œuvre. Une année entière  suffit pour habiller l’autel et les murs du temple,  grâce à une bonne coordination et surtout par un suivi régulier  des  travaux,  auxquels  je  contribuais  en  donnant  des  cours de dessin et de peinture; chaque élève  pu apprécier à sa juste valeur le résultat de son travail. »

 

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 Le Bouddha central qui fait plus de cinq mètres de haut.

 

« …Maintenant il était temps de commencer la grande œuvre, celle du temple du Karmapa, toujours avec la même équipe nous mîmes en place plusieurs ateliers : pour Marie-Christine ce fut  la dorure et la pose de la feuille d’or, pour Michel la peinture des Mandalas, pour Jean Marc la déco murale, pour Antonio le moulage et pour moi-même la sculpture et la fonction de maitre d’ouvrage. Après avoir présenté à lama Jigméla mes dessins et accepté diverses idées pour la déco, comme par exemple son plafond avec  ses Mandalas, le plan  fait à l’échelle du grand Bouddha central qui fait plus de cinq mètres de haut. ~ Gérard s’occupa de la fabrication du Bouddha qui fut réalisé en cuivre repoussé, ainsi que d’autres statues par la suite ~. Après l’approbation de Guendune Rinpotché, il me donna toute sa confiance  pour faire cette activité. Ainsi, nous nous mîmes à l’œuvre et tout se déroula comme prévu avec la bénédiction de la Lignée. »

 

 

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Il est bon de suivre l’exemple de décoration du temple de Rumtek.

 

« …Pour le plafond central une pensée effleura mon esprit, un grand Mandala y serait

représenté, mais lequel ? Je choisis le Mandala du Kalachakra. Ainsi une fois que mes croquis furent fais, je m’en remis à Guendune Rinpotché et à sa demande je partis pour Dhagpo présenter mon travail à Lama Jigméla… ». Le choix de ce  Mandala, dans sa vaste dimension  de 1m80 de diamètre,  correspond au souhait et à la nécessité de contrer les  obstacles que constitue  cette époque  de l’âge sombre dite du "Kali Yuga " où les actions négatives sont reconnues comme des actes positifs, et les actions négatives comme positives; ainsi que les guerres, la famine, l’appât du gain …  prédominent dans le monde. Ce Mandala (protecteur), équivaut à toutes les transmissions et  bénédictions toutes particulières pour notre époque.

Je présentai cette idée et mon dessin à Lama Jigméla qui le regarda attentivement et sans hésitation il accepta le projet, ainsi que les autres plans grandeur nature des deux disciples du Bouddha qui plus tard seraient réalisés en cuivre.  Rinpotché me disait à propos de la décoration du temple qu’il était bon de suivre l’exemple du temple de Rumtek, de le prendre comme référence, ~ décoration rêvée à l’époque des travaux par le 16ème Karmapa lui-même ~. Je m'en inspirai donc… »

 

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 « …M’étant retiré  pendant une longue période de mon activité ; par la suite j’ai rencontré l’artiste tibétain Norbou, peintre de thankas , nous eûmes quelques échanges amicaux. Il me confia  que mon savoir-faire était de qualité et me convia à travailler avec lui...  Actuellement, Norbou supervise les ateliers et dirige l’activité de décoration du Temple du Karmapa »

 

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                                                                       Denzong Norbu L'artiste par excellence.

 

 

 

 J’étais bien aise d’accompagner une dernière fois mon Maître spirituel.

 

« …Un événement bien triste nous rappella l’impermanence des choses et des êtres. Notre Lama de Refuge Guendune Rinpotché quitta son corps en 1997 en Auvergne. Une grande cérémonie allait se préparer; donc avec quelques personnes de la déco, Nathalie, jean marc, michel , Kungyab….  Les cinq Dhyanis Bouddhas serait représenter ( dessin de mon maître d’ Art) ainsi qu’un double dordjé à sa base et symboles auspicieux et mantras autour de la caisse (j’étais bien aise d’accompagner mon Maître spirituel une dernière fois à travers l’art) qui serviraient pour la décoration de la caisse funéraire ( Kundun )  ainsi que le  stupa de crémation orner de c’est quatre Lions pour les entrées, lotus et  collier de joyaux entourant le Stupa .Le corps de Rinpotché serait brûlé dans ce support spécialement conçu pour cela… » 

« ...Les flammes consumèrent son corps sortant au-dessus du Stupa à plusieurs mètres de haut; entre feu et air, Rinpotché  apparut resplendissant de son Corps de Dharamakaya , pour se fondre dans la demeure radieuse de l’Esprit parfaitement pur, le Mahamoudra. 

 

 ~  Peu de temps après sur les précieux conseils du Karmapa, de Shamarpa et d’autres Lamas tibétains, je sculptai son effigie, comme Rinpotché l’avait souhaité, avec le mudra  de l’enseignement~. »   EMAHO !

 

 

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A SUIVRE....

 

 

 

  

                                                                                                


05/03/2016
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