dhagpostory 1976, il était une fois ...

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L'éthique de l'artiste.

 


L'éthique de l'artiste.

 

Ecrit sur  l’Art du Dharma

 

 

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L'art  traditionnel  du Dharma prit naissance  en Inde à   l'époque

                         du Bouddha  Cakyamuni.  Sculptures, thankas (peinture sur toile de coton), décoration de temple ou offrandes colorées font parties intégrantes au développement à la méditation quotidienne, un guide à la compréhension du Dharma.

 

 

 

Son origine :

                     

   Du plus profond de sa réalisation, l'Etre sublime, parfaitement éveillé, sans pareil égal dans le monde, sortit de sa méditation; spontanément la vision de la nature des choses se refléta dans son Esprit, comme les plumes du paon qui se déploient en un éventail à mille facettes, nous montrant sa parure multicolore. Les montagnes, les nuages, les rivières, les fleurs, les traits des déités, leurs entourages et leur couleur furent révélés par le Glorieux au monde humain, ainsi à travers la peinture pour les gens de peu d’intelligence la compréhension du Dharma devint accessible à tous. Cela fut parfaitement accompli.

 

                  De nos jours l'art sacré tibétain est resté intact, conforme à sa structure monastique et à ses enseignements. Les maîtres artistes d’autrefois qui reçurent les connaissances dans ces domaines de la sculpture et de la peinture, propagèrent à leur tour cette discipline. Suivant la lignée des Lamas accomplis et de leur réalisation particulière, Kagyupa, Nyingmapa, Sakyapa, ou Gelugpa,... de ces lignées spirituelles et artistiques, différentes écoles prirent naissance.

 

 

 

 

Le guide :

                            

         En l'année 1959 (date de l'invasion du Tibet par la Chine) l'art religieux fut tant bien que mal préservé de la destruction massive de l'envahisseur. Certains artistes, durent s'exiler en Inde et continuèrent leurs oeuvres et leurs transmissions. L'influence chinoise n'a guère réussi à annihiler l'état d'esprit des artistes tibétains. ChérabPalden Béru, est l’un de ceux-là, qui resta fidèle à la source de ces oeuvres et continua à transmettre autour de lui la tradition de l'art sacré.  Plus tard il s'installa en Ecosse et vécu à Samyé-Ling [1]; ce centre du Dharma fut dirigé par Trungpa Rimpotché et ensuite  Akong Rimpotché, ce dernier instaura la tradition Bouddhiste en créant un temple majestueux, il divulgua les enseignements propres à l'école Karma Gadri. La danse, la musique, les rituels, la peinture et la sculpture sont les principales activités de ce lieu. Le souhait de Rimpotché est de préserver le patrimoine cultuel dans toutes ses disciplines, sauvegarder toute la richesse de cette tradition pour les nouvelles générations. ChérabPalden Béru fut choisi pour cette tâche, il enseigna son art à une dizaine d'élèves[2], ceux ci prirent un engagement de plusieurs années d'études. Pour nous, occidentaux cela est très exceptionnel de recevoir de la main d'un Maître un savoir sans mesure; par son excellence, ses qualités et son accomplissement, nous, disciples le portons au dessus de notre tête comme un précieux diadème.

 

 

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1) Premier centre Karma Kagyu en Europe, fondé en 1968 par Trungpa Rimpoché et Akong Rimpoché, le nom de "Samyé" évoque le premier monastère au Tibet, établi par Padmasambhava au 8ème siècle.

 

 2) L'auteur de cet ouvrage faisait partie de ce groupe, il fut invité à suivre les enseignements de l'Art tibétain pendant de nombreuses années.

 

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 Thanka de CherabPaldenBéru. Samyé-Ling.

          

 

  Le sacré :    

                           

    Que dire de celui-ci, du caractère de la forme du dessin, de ces lignes parfaitement tracées par la main de l’artiste, enveloppant chaque couleur avec dextérité, il nous montre par ses formes de peinture la vision du Lama, son Enseignement et les centaines de symboles qui y sont représentés. Chaque déité peinte est bien précise dans son mouvement et dans ses couleurs avec ses propres attributs; son palais,  ses décors sont inséparables de la forme principale du tableau (thanka) et font partis du Corps radieux et élégant de la divinité. Celle-ci se révèle sans ombres, sans hachures, sans relief, cela nous paraît bien plat, comme une écriture sur le papier et pourtant, dans notre esprit, ces formes visualisées prennent tout leur sens, ce qui était une simple peinture devient une réalité rayonnante, quelque chose de vivant, lumineux, limpide et  transparent.

Ces nombreuses couleurs, qui s'éclatent dans tous les sens, sans savoir où elles vont s'arrêter. La complexité des lignes, qui serpentent sans fin, cela nous paraît bien simple et compliqué à la fois. Chaque détail d'une thanka, d'une décoration, d'un autel ou de pilier d'un temple est très précis, comme un code, qui nous renvoie un message à travers une peinture majestueuse, pouvant prendre un sens tout significatif, « la forme est vide et le vide est forme » l'un sans l'autre les choses ne pourraient exister et

 

 

ne pas exister, cela exprime qu'il n'y a pas de dualité entre elles depuis le sans commencement des phénomènes des apparences. Pour cette raison, tout n'est que du domaine du sacré, rien ne peu être négligé par l'artiste, qui représente ces iconographies, même dans ses plus petits détails, comme un brin d'herbe ou une goutte d'eau. Ces représentations ont le pouvoir de transmettre quelque chose de profond aux initiés, comme aux non-initiés. Elles sont inséparables de la source, de la création des phénomènes, du Dharmakaya, l'ultime mode d'être, incomparable, le grand symbole, l'essence même; "le Mahamoudra".

 

               Le jeu des formes et des couleurs, se manifeste ainsi dans chacune de nos méditations et de nos pensées. Reconnaître ces déités peintes comme une manifestation de notre propre esprit, inséparable, en fusion avec notre Lama Racine est excellente

 

 

 

 

 

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L'offrande :

 

                                           L'activité de la peinture ou tout autre mode de travail consacré au Saint Dharma, est un acte spirituel. Au départ, l'élève épaulé par son guide, s'applique à faire le remplissage des couleurs et à développer la manière de dessiner, ce n'est qu'une étude préliminaire. Suivant la disposition de l'esprit de l'étudiant, de sa diligence et de l'envie d'apprendre, son professeur lui donnera un peu plus d'informations, plus de détails, en respectant les capacités propres à chacun. Ensuite, l'apprentissage deviendra moins rigide, moins artificiel, le travail se fera naturellement, les obstacles seront dissipés, ce qui laissera une disponibilité pour la méditation, dans l'activité, celle de l'offrande de son travail. Les lignes dessinées, les coups de pinceaux se transformeront en de multiples univers, en terres de Bouddha, en Mandalas d'offrandes qui se perpétueront sans fin. Tout travail s'embellira par cet acte, libre de préjugés, sans même y penser, cela se fera simplement, naturellement. L'artiste s'unira complètement avec son action d'offrir, le mérite sera inestimable. L'attachement naturel à notre peinture, la fierté arrogante « c'est moi qui ai peint cela, je serai estimé des autres » tout cela, se dissipera parfaitement. Comment ces états d'esprit, pourraient-ils nous envahir, puisque sans arrière pensées, tout est offert, nous n'avons donc rien à perdre, l'esprit sera serein, notre activité deviendra comme celle d'un Bodhisattva.

 

           

 

        

L’élève:

                            

                       Une certaine disposition d'esprit serait souhaitable pour suivre une lignée d'artistes. Un engagement tenace serait utile au cours de l'apprentissage, pouvant durer de nombreuses années ou toute une vie. Ne pas chercher à être un artiste pour la gloire ou la fortune, ne pas vouloir être mieux que son professeur sans connaître le sens profond de l'Art du Dharma, malgré nos efforts, accepter nos limitations s'il y en a. Etre pleinement disponible au compte du Saint Dharma et de son Lama racine. Développer assez d'humilité envers soi-même et envers les autres pour éviter les "pièges" des émotions perturbatrices, être satisfaits de ce que l'on reçoit, minime soit-il.

 

               Il est possible qu'après un certain temps d'apprentissage, l'élève entre en compétition avec ses voisins ou celle du guide, à partir de ce moment, dû à cette disposition il ne pourra accepter les conseils et les méthodes proposés; étant trop sûr de lui, un mur se construira autour de lui, alors, la communication du professeur lui sera impossible, son esprit sera tendu et fermé, il ne pourra plus recevoir les informations et le sens de son activité. Cela peut créer des problèmes au sein du groupe, comme la jalousie, la rancune, l'orgueil, celles-ci pouvant perturber le développement adéquat pour la maîtrise de cet Art.

 

            L'écoute, l'ouverture d'esprit de l'étudiant à la façon de faire du professeur, sans argumenter son travail, sans vouloir toujours remettre en question ses enseignements ou avoir des doutes à son égard, serai propice; l'élève devra toujours faire de son mieux et faire preuve d' assiduité, accepter ses erreurs s'il s'en aperçoit, poser des questions, ne pas s'adonner à de vains bavardages à propos de l'art, comme de faire des comparaisons avec d'autres maîtres, de la manière dont ils enseignent, juger que ceci est bien ou que ceci n’est pas bien sans connaissance de cause, que tel maître est mieux que d'autres. Se tenir scrupuleusement aux directives du professeur que l'élève s'est engagé à suivre, ne laissant aucune place aux vues erronées; en évitant toute comparaison on évitera la confusion. Il devra parler de son professeur avec respect et gratitude, de ce fait il apparaîtra dans son esprit, les conditions nécessaires pour rencontrer la compréhension et la méthode du maître. Quand l'étudiant a fini son travail, avant d'en commencer un autre, il doit attendre l'approbation de son guide.

 

 

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  Si des poisons mentaux apparaissent, comme l'anxiété, la colère ou qu'il n'a pas de désir de peindre, il serait plus raisonnable de ne pas le faire, de détendre l'esprit et demander conseil serait plus approprié. L'activité devrait rester aussi sereine que possible. Le travail achevé ne pas la signer, espérant par là que l'on nous regarde comme un être exceptionnel, que l'on nous glorifie. Ecouter soigneusement le professeur sans chercher à le tromper en donnant nos idées, notre style personnel sans connaître le discernement juste, ce qui altèrerait l'authenticité de notre travail. Dès lors, une transmission pourra réellement se produire, les mots deviendront inutiles, tout cela se fera simplement, clair, précis, seule l'activité rayonnera naturellement. Nous, occidentaux, avons parfois bien de la peine à laisser "nos habitudes aux vestiaires", la place du « Je » s'il n'est pas observé quotidiennement prend une importance énorme dans le domaine artistique. C'est l'une des raisons pour laquelle, l'humilité initiale n'est pas à négliger. L'activité des Arts est peu facile et risque de créer à notre insu, des passions pouvant nous nuire et nous rendre aveugle. Le « guide », avec ses moyens habiles, canalisera l'étudiant à bon escient ou bien celui-ci pourra avoir recours à son Lama Racine et y prendre conseil.

 

 

 Le professeur:

 

Malgré la maîtrise de son art et l'assurance de sa méthode il devrait se considérer lui-même comme étant toujours un élève, cherchant à apprendre de nouveau, que son activité soit celui d'un simple serviteur, qu'il puisse éviter la pensée que ses capacités excellemment acquises ne proviennent que de lui seul. Seulement la bonté des Bouddhas compatissants lui donnèrent ces moyens habiles pour pacifier ses émotions perturbatrices et atteindre par cela même l'état éveillé sans retour.

 

           Devant la demande de l'élève, le professeur devra toujours être disponible, ne pas critiquer les erreurs commises par l'étudiant, mais de les expliquer avec sagesse, humour, sans rigidité et obstination. La préférence de tel étudiant à un autre ne devra effleurer sa pensée, les considérer à leur juste valeur et respecter les capacités de chacun. Le guide doit être ouvert à toutes les propositions et développer un travail d'équipe. Savoir noter les élèves si cela est nécessaire, pour les encourager à continuer leur apprentissage. Parfois l'esprit de compétition ou autres maux peut naître entre eux, le professeur ne devra pas en être affecté, mais garder son calme et essayer de canaliser le mieux que possible l'étudiant perturbé.

 

          Etre discret dans son activité, ne pas faire de demandes élogieuses, si cela est nécessaire ne pas hésiter à se remettre en question, que le travail autour de soi se réalise dans l'harmonie. Ne pas être avide de sa connaissance et la garder pour soi, mais la transmettre le plus complètement possible. Garder à l'esprit le but essentiel de l'activité, qui est de servir et de satisfaire les trois joyaux, sans attendre de récompense en retour ou de mérite quelque soit.

 

Souhaiter que ses oeuvres, éveillent en chacun, la dévotion, la pacification des émotions et enfin l’esprit d'Eveil. 

 

 

 

 

 

 

Les 8 dharmas mondains:

font référence aux blocages. Aux préoccupations, ou aux attachements qui troublent notre conscience,

 et influencent notre capacité à être heureux.

 

1.l’attachement aux possessions matérielles

2.l’aversion à ne pas les recevoir ou à en être séparé

3.l’attachement à la reconnaissance, l’approbation et la popularité

4.l’aversion à la censure ou à la désapprobation

5.L’attachement à la bonne réputation

6.l’aversion à une mauvaise image

7.l’attachement aux plaisirs des cinq sens

8.l’aversion aux expériences désagréables

 

Max, Kundreul-Ling année 2000.

 

 

 « …il y a trois sortes d’artiste, l’un n'est artiste que de nom,

 l’autre croit savoir mais il ne sait pas,

et le dernier  sait, mais est avide de son savoir ».

 

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Guendune Rinpotché

 

 

 

 


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 Grâce à la bonté et à la générosité des Maîtres du passé, parfaitement accomplis dans les Arts , ceux-ci nous ont permis avec toutes nos imperfections, rendre cet Art accessible et compréhensible. La compassion des Bouddhas est telle, que cette approche de l'Art du Dharma et de son développement, nous permet de le répandre de par le monde, pour le plus grand bien fait de tous les êtres .

 

 

 


22/01/2022
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